22 Jan À la découverte du SAGA, plus gros sous-marin civil au monde
Saviez-vous qu’un joyau secret se cache à l’Estaque ? La curiosité fait partie de l’ADN du club et nous avons toujours plaisir à nous retrouver pour satisfaire ce besoin ensemble. Au lieu de nous démoraliser sur la saison hivernal, il y a des occasions en or à ne pas louper . Celle de découvrir le mystérieux colosse oublié de l’Estaque , le SAGA, est d’autant plus exceptionnelle.
Une visite attendue du submersible de l’Estaque
Aujourd’hui qu’importe les conditions et la température de l’eau, nous n’avons pas prévu de plonger. De plus, pas de touriste, c’est donc la période idéale pour visiter le plus gros sous-marin civil de la planète ! Nous nous fixons rendez-vous devant le DRASM à Marseille sur le port de l’Estaque.
Le SAGA, un monstre marin stupéfiant
C’est bien à l’abri dans le hangar qui l’a vu naître, que le SAGA se repose tel un géant endormi. Pour commencer cette visite, alors que nous pénétrons à peine dans son antre, la surprise se lit sur nos visages. Le machine d’acier que nous découvrons est imposante ! Impressionnés par ses 28 m de long pour 300 tonnes, nous nous sentons vraiment tout petits à côté. Les Compagnons du SAGA, aujourd’hui gardiens du sous-marin et de son histoire, veillent sur lui et transmettent son héritage au plus grand nombre. Patrick, notre guide, nous partage sa passion pour le SAGA et nous permet de revivre l’aventure comme si nous y étions ! C’est avec un réel engouement que nous écoutons son récit, pendus à ses lèvres.
Pour commencer, le SAGA fut construit en 1966 sous l’impulsion du Commandant Cousteau à une époque où les tables MN90, Scubapro ou Aqualung n’étaient même pas nées ! Cousteau souhaitait bâtir un sous-marin autonome civil destiné à la conquête des abysses. Il le baptisa l’Argyronète. Ce nom original est celui d’une araignée marine fascinante qui respire sous l’eau grâce à une bulle d’air auto-générée, comme un scaphandrier ! Nous saurons maintenant ce qu’est cet animal étrange si nous le croisons un jour en plongée.
Une véritable renaissance
Le projet fou de Cousteau, abandonné en 1970 faute de moyens financiers. Il est repris par la Comex et l’Ifremer au début des années 80. Après une décennie de sommeil, le submersible refait surface dans une époque où les avancées technologiques permettent la reprise du projet. On le renomme SAGA (Sous-marin d’Assistance à Grande Autonomie). Nous restons bouche bée lorsque Patrick nous annonce qu’il pouvait rester 21 jours en immersion ! Une sacrée révolution pour l’époque. Mis à l’eau en 1987, le SAGA réalisa un total de 35 plongées avant d’être définitivement remisé en 1990.
Un sous-marin témoin de notre patrimoine industriel
Alors que nous longeons le SAGA, tout de jaune vêtu, l’air du « Yellow submarine » trotte dans nos têtes. La chanson, sortie en 1966, semble à première vue, être écrite pour le sous-marin de Cousteau ! Après avoir vu l’épave du submersible Rubis avec le club l’année dernière, au large de Cavalaire, il est tout aussi agréable d’en admirer un sans avoir à surveiller son mano et sa DTR (durée totale de remontée pour les non-initiés).
Gagnés par l’enthousiasme contagieux de Patrick, nous entrons avec excitation dans les entrailles de la bête. Stupéfaits, nous observons le ventre du sous-marin, rempli de cadrans, de vannes, de tuyaux, avec une informatique datant de l’ère du minitel ! Inévitablement, l’atmosphère du SAGA nous replonge en enfance, avec nos rêves de gamins entre cosmonautes et scaphandriers. Il y a aussi beaucoup de similitudes entre conquête de l’espace et celles des profondeurs de la mer. L’émerveillement fait ensuite place à l’admiration. Quel travail de titan fut réalisé sur le SAGA ! Nous évoluons au cœur de cet engin à propulsion et en apprenons plus sur ses caractéristiques hors-normes.
Principalement destiné à intervenir sur des installations pétrolières, le géant des mers marseillais pouvait descendre jusqu’à 600 m de profondeur. Il a par ailleurs établi le record mondial de sortie plongeur d’un submersible à moins 317 m ! Doté d’une technologie sous-marine désormais obsolète, le SAGA était un bijou de technicité moderne. Ses deux moteurs Stirling et le stockage d’oxygène sous forme liquide ont joué un rôle essentiel dans l’amélioration de son autonomie. L’utilisation de matériaux composites, l’automatisation du pilotage, et le développement de scaphandres à faible consommation font aussi partie des innovations majeures du SAGA. Nous comprenons mieux la fierté de Patrick face à ce sous-marin unique, qui impose un respect mérité.
Nous avons pris le pouls de ce monstre des mers d’antan et respiré à son rythme pendant deux belles heures. Enfin, il serait impoli de ne pas dire Un grand merci à Patrick pour cette superbe et mémorable visite du SAGA, qui nous a donné l’impression de vivre une aventure hors du temps.
Merci à toute l’équipe des Compagnons du SAGA pour leur accueil et ce beau moment. N’hésitez surtout pas à leur rendre visite à l’Estaque Marseille pour découvrir ce fabuleux sous-marin ! www.lescompagnonsdusaga.org |